Passer au contenu principal

Messages

Affichage des messages du juillet, 2020

Va-et-vient (11/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Quand il arrive à la maison, Julie est endormie et le bébé est encore une fois dans la balançoire mais elle est réveillée, fixant le mobile suspendu au-dessus d’elle, levant et baissant la tête au rythme du va-et-vient de la balançoire.  « Salut toi », dit-il. Il la prend et elle agrippe ses lunettes, et il l'emmène dans l’autre pièce pour ne pas réveiller Julie. Il pense à Sonia, dans un train, puis dans un autre, qui écoute de la musique qu’elle lui a dit écouter dans une de leur chaîne de textos mais dont il n’a jamais entendu parler et qu’il n’a jamais cherchée plus avant. Il espère que peu importe quand elle rentrera à la maison, peu importe où se trouve cette maison, tout ira bien. Il soulève le bébé et la tient devant lui. Il lui sourit, gonfle ses joues et elle pose ses mains sur son visage, il expire l’air et elle rit. Elle se met à chigner et il lui prépare une bouteille à la cuisine, et elle se blottit contre sa poitrine en buvant et s’endort, et il la remonte pour que s

Intermède : publication d'une de mes traductions

Je vous invite à vous procurer le numéro 66 de la revue française  Galaxies science-fiction dans lequel vous trouverez ma traduction de la nouvelle « Smear Job », de Rich Larson. La nouvelle a été publiée dans sa version originale anglaise dans le magazine Analog Science Fiction and Facts en décembre 2018. Elle est inspirée d'un article sur les ratés possibles du système judiciaire et les répercussion que peut avoir un registre des délinquants sexuels sur la réputation et la vie des condamnées, peu importe les circonstances ou la gravité du crime commis. Elle met en scène un jeune homme qui doit subir une modification au cerveau pour avoir fréquenté une mineure, même si c'était avec le consentement de cette dernière et qu'ils étaient rapprochés en âge. Elle pose un regard critique sur le caractère éthique des condamnations en matière de crimes sexuels impliquant des adolescents, en particulier quand elles finissent par ruiner la vie des plus vulnérables de la société. Site

Va-et-vient (10/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Waverley Place , lui dit-il. Prends la ligne F jusqu’à West Fourth Street.   Il lui envoya un lien vers le café. Elle avait l’air tellement ordinaire qu’il en pleura presque. Ses jeans étaient trop serrés et ses yeux trop maquillés. Elle avait l'air tellement jeune qu'il se rendit compte qu’il ignorait à quoi ressemblait vraiment une jeune de 26 ans jusqu’à ce qu’il en voie un spécimen de près, jusqu’à ce que ce spécimen s’assoie devant lui et prononce son nom.  « Sonia? » dit-il. « Andrew », dit-elle. « Salut. » Il se dit qu’il devait avoir l’air tellement vieux à ses yeux. Quand Julie avait vingt-six ans et qu’il en avait trente, ils s’étaient mariés. Ils ne connaissaient personne qui était marié. C’était presque une blague à l’époque. Ils habitaient New York. Elle étudiait les beaux-arts. Ça lui semblait avoir été un coup de tête, quelque chose d'inventé, cette fête bizarre et extravagante qu’ils avaient organisée pour tous leurs amis. Elle s'était vêtue d'une ro

Va-et-vient (9/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Ça te dirait qu’on se rencontre? dit-elle. Ça faisait trois mois qu’ils se textaient. Le bébé marchait maintenant à quatre pattes. Julie n’avait pas trouvé de travail; il doutait qu’elle en ait vraiment cherché, mais il avait trop peur de le lui demander. Elle avait entrepris de sevrer le bébé parce qu’elle croyait qu’elle se sentirait moins folle comme ça, mais ça semblait avoir l’effet contraire. Je suis marié , dit-il. Je sais , répondit-elle. Juste pour discuter . Il n’avait jamais trompé personne. Il n’avait jamais compris l’attrait. Une femme représentait déjà assez de travail comme ça. Il avait aimé Julie pendant presque toute sa vie adulte. Il n’avait pas beaucoup d’amis et ceux qu’il avait n’avaient pas d’enfants. Quand il leur parlait maintenant, c’était de part et d’autre d’un énorme gouffre creusé par le fait qu'eux dormaient toujours, mangeaient toujours et baisaient toujours leur femme comme des gens normaux. La plupart du temps, ils semblaient vouloir éviter de savo