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Futurs - Lancement annulé :(

Malheureusement, le lancement de Futurs a dû être annulé en raison des dernières recommandations des autorités de santé publique. Vous pouvez tout de même vous procurer le livre chez votre libraire indépendant (de préférence) et me dire ensuite ce que vous en avez pensé 😊

Lancement de Futurs!

Une de mes traductions d'un texte de Rich Larson fait partie de Futurs , un collectif de dix nouvelles de science-fiction publié par les éditions Triptyque.  Dirigé par Mathieu Villeneuve, Futurs propose  «  d’explorer ce que l’avenir, pluriel et changeant, nous réserve  »  ( site Web du Groupe Nota bene ) à travers les plumes d'auteurs et d'autrices du Québec et de l'Ontario francophone. Plus un auteur du ROC à travers moi. Car la nouvelle de Rich, Quelque chose de viral ( Let's Take This Viral en version originale), est la seule nouvelle traduite du recueil, ce qui n'est pas sans me faire un petit velours 😊 Futurs sera lancé en grandes pompes de pandémie le 23 septembre au parc Baldwin à Montréal. J'y serai, histoire de voir les yeux d'un peu de monde derrière mon masque, si jamais ça vous dit. Je pourrai même channeler mon inner Rich, si vous voulez. Vous pourrez vous procurer le livre lors du lancement. Sinon, je vous encourage à le faire auprès

Va-et-vient (traduction intégrale)

Va-et-vient (traduction intégrale) Une nouvelle de Lynn Steger Strong traduite en français avec la permission de l'auteure. Version originale publiée dans Joyland Magazine sous le titre de Swings (New York, 7 juillet 2019) ________________________________________      Il faisait défiler les gazouillis sur Twitter en essayant de se rappeler comment on se sentait quand le temps n'avait ni poids ni structure. Il avait lu à moitié trois articles sur les risques liés au crédit-bail adossé quand la photo d'une paire de seins pâles vêtus d'un soutien-gorge vert foncé était apparue à l'écran de son téléphone en provenance d'un numéro qu'il ne connaissait pas. On s'est parlé sur Tinder il y a quelques mois , disait le message sous la photo. Je suis de retour à Port St. Lucie pour la semaine . Il y avait erreur sur la personne. Il n'habitait pas Port St. Lucie – il habitait New York – même s’il avait vécu près de Port St. Lucie quand il était petit. Il s'

Va-et-vient (11/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Quand il arrive à la maison, Julie est endormie et le bébé est encore une fois dans la balançoire mais elle est réveillée, fixant le mobile suspendu au-dessus d’elle, levant et baissant la tête au rythme du va-et-vient de la balançoire.  « Salut toi », dit-il. Il la prend et elle agrippe ses lunettes, et il l'emmène dans l’autre pièce pour ne pas réveiller Julie. Il pense à Sonia, dans un train, puis dans un autre, qui écoute de la musique qu’elle lui a dit écouter dans une de leur chaîne de textos mais dont il n’a jamais entendu parler et qu’il n’a jamais cherchée plus avant. Il espère que peu importe quand elle rentrera à la maison, peu importe où se trouve cette maison, tout ira bien. Il soulève le bébé et la tient devant lui. Il lui sourit, gonfle ses joues et elle pose ses mains sur son visage, il expire l’air et elle rit. Elle se met à chigner et il lui prépare une bouteille à la cuisine, et elle se blottit contre sa poitrine en buvant et s’endort, et il la remonte pour que s

Intermède : publication d'une de mes traductions

Je vous invite à vous procurer le numéro 66 de la revue française  Galaxies science-fiction dans lequel vous trouverez ma traduction de la nouvelle « Smear Job », de Rich Larson. La nouvelle a été publiée dans sa version originale anglaise dans le magazine Analog Science Fiction and Facts en décembre 2018. Elle est inspirée d'un article sur les ratés possibles du système judiciaire et les répercussion que peut avoir un registre des délinquants sexuels sur la réputation et la vie des condamnées, peu importe les circonstances ou la gravité du crime commis. Elle met en scène un jeune homme qui doit subir une modification au cerveau pour avoir fréquenté une mineure, même si c'était avec le consentement de cette dernière et qu'ils étaient rapprochés en âge. Elle pose un regard critique sur le caractère éthique des condamnations en matière de crimes sexuels impliquant des adolescents, en particulier quand elles finissent par ruiner la vie des plus vulnérables de la société. Site

Va-et-vient (10/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Waverley Place , lui dit-il. Prends la ligne F jusqu’à West Fourth Street.   Il lui envoya un lien vers le café. Elle avait l’air tellement ordinaire qu’il en pleura presque. Ses jeans étaient trop serrés et ses yeux trop maquillés. Elle avait l'air tellement jeune qu'il se rendit compte qu’il ignorait à quoi ressemblait vraiment une jeune de 26 ans jusqu’à ce qu’il en voie un spécimen de près, jusqu’à ce que ce spécimen s’assoie devant lui et prononce son nom.  « Sonia? » dit-il. « Andrew », dit-elle. « Salut. » Il se dit qu’il devait avoir l’air tellement vieux à ses yeux. Quand Julie avait vingt-six ans et qu’il en avait trente, ils s’étaient mariés. Ils ne connaissaient personne qui était marié. C’était presque une blague à l’époque. Ils habitaient New York. Elle étudiait les beaux-arts. Ça lui semblait avoir été un coup de tête, quelque chose d'inventé, cette fête bizarre et extravagante qu’ils avaient organisée pour tous leurs amis. Elle s'était vêtue d'une ro

Va-et-vient (9/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Ça te dirait qu’on se rencontre? dit-elle. Ça faisait trois mois qu’ils se textaient. Le bébé marchait maintenant à quatre pattes. Julie n’avait pas trouvé de travail; il doutait qu’elle en ait vraiment cherché, mais il avait trop peur de le lui demander. Elle avait entrepris de sevrer le bébé parce qu’elle croyait qu’elle se sentirait moins folle comme ça, mais ça semblait avoir l’effet contraire. Je suis marié , dit-il. Je sais , répondit-elle. Juste pour discuter . Il n’avait jamais trompé personne. Il n’avait jamais compris l’attrait. Une femme représentait déjà assez de travail comme ça. Il avait aimé Julie pendant presque toute sa vie adulte. Il n’avait pas beaucoup d’amis et ceux qu’il avait n’avaient pas d’enfants. Quand il leur parlait maintenant, c’était de part et d’autre d’un énorme gouffre creusé par le fait qu'eux dormaient toujours, mangeaient toujours et baisaient toujours leur femme comme des gens normaux. La plupart du temps, ils semblaient vouloir éviter de savo

Va-et-vient (8/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Pourquoi tu continues de m’écrire?  lui demanda-t-il.  Il était de nouveau en retard. Il était resté tard même si ce n’était pas nécessaire. Il était demeuré assis au travail à regarder des photos de Julie et du bébé sur son téléphone. J’aime les étrangers , dit-elle. Ça existe, ça? dit-il. Qu’est-ce que ça veut dire? Il ne voulait pas l'imaginer pire quelle ne l'était. Il se disait qu’elle n’était peut-être pas le genre de fille qu’il aurait voulu rencontrer ou à qui il aurait parlé dans la vraie vie. Port St. Lucie était plus loin de l’océan que la ville où il avait grandi, les écoles publiques y étaient pires, l’immobilier y était meilleur marché, c’était l’endroit où il avait acheté de la coke une fois ou deux avec ses amis camés qui n’avaient jamais quitté la région alors qu’il rendait visite à ses parents du temps qu’il était au collège. Julie lui avait dit, une de ces nuits où il était réveillé pendant qu’elle faisait boire le bébé et lui racontait tous les trucs terribl

Va-et-vient (7/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Ils se disputaient avant l’arrivée du bébé. Elle criait parfois. Elle se fâchait aussi. Elle s’enfermait dans la salle de bain et pleurait et le traitait de tous les noms. Mais ils se réconciliaient toujours rapidement. Ils sortaient et ils mangeaient et buvaient trop; elle approchait son visage du sien, ils discutaient; ils rentraient à la maison et faisaient l’amour debout, ou sur le canapé, ou dans la cuisine, elle sur le comptoir, lui les mains fermement agrippées à son cul.  *** Comment tu t’appelles? texta-t-elle le soir suivant quand il était dans le métro. Andrew , répondit-il. Toi? Sonia , dit-elle. Beau nom , dit-il. Andrew aussi . *** « Je pense qu'il faut que je retourne au travail », dit Julie quand il rentra, prit le bébé et commença à préparer le souper. « O.K. », dit-il. « Quand? » « Tu penses que c’est trop tôt. » « Je pense que n’importe quand convient. » Elle l’observa. « Est-ce qu’on devrait chercher une gardienne? » « Tu veux dire que je devrais? » « J’ai… »,

Va-et-vient (6/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

La fille de Port St. Lucie commença à lui écrire une fois par jour et il oublia presque qui était celle qui le textait. Il n’imaginait jamais qui que ce soit quand il recevait les messages; il était seulement soulagé de continuer d’en recevoir. Elle lui demandait comment il allait et il lui répondait franchement et ça faisait du bien. J’ai eu une journée de merde, pouvait-il dire. Je me suis encore fait crier dessus au beau milieu de la nuit. Mon patron m’a traité de moumoune. Il travaillait pour une société financière privée composée presque exclusivement d’hommes. Il était vaguement au courant que certains d’entre eux avaient aussi des enfants, mais ils n’en parlaient pas ou ne semblaient pas vraiment contribuer à les élever, sauf financièrement, et il lui parla un peu de ça. Comment il était bizarre de penser qu’ils étaient aussi des pères. Qu'eux aussi retournaient à la maison et retrouvaient femmes et enfants, mais sans trop savoir pourquoi, leurs versions de ces mots étaient

Va-et-vient (5/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Au travail, il pensait parfois à elles, et parfois il se souvenait d’elles, qu’elles étaient à la maison sans lui, et il était étonné d’avoir pu passer autant de temps, peu importe combien de temps, une heure, quarante minutes, sans se demander comment elles allaient. Il aimait bien son emploi et savait qu’il aurait dû être reconnaissant de ne pas le détester. Grâce à lui, ils bénéficiaient d’une assurance-maladie, payaient leurs factures. Il lui arrivait souvent de devoir rester tard et quand il revenait à la maison et constatait qu’elle avait commandé une autre boîte de frites du petit restaurant au coin de la rue pour souper, il devait faire un effort pour ne pas lui dire qu’il s'inquiétait que ce soit tout ce qu’elle mangeait. *** Il reçut le second texto des seins deux jours plus tard. Ce n’étaient pas les seins, mais plutôt la propriétaire des seins. Il avait supprimé les premiers textos, mais le numéro était resté gravé dans sa mémoire. Comment ça va? demanda-t-elle.

Va-et-vient (4/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Le bébé s'agita sur son épaule. Il ne lui en voulait plus. Il l’aimait, ce qui était le but de l’opération, il le savait depuis le début. Il l’aimait, mais elle ne parlait pas et faisait bien peu à part chier, dormir, manger et hurler chaque fois qu’elle ne se trouvait pas dans la balançoire ou dans les bras de quelqu’un, à se faire promener. Elle avait peut-être irrévocablement changé sa femme – il n’aimait pas ça non plus à son sujet. Il était néanmoins content qu’elle soit là au lieu de l'inverse. Il se réveillait parfois alors que les deux étaient endormies, Julie et le bébé, et il se disait qu’elle était la meilleure, la plus parfaite, la plus douloureusement extraordinaire chose qui soit. « Elle a faim », dit Julie. C'est toujours ce qu'elle disait. Chaque fois que le bébé émettait un son, Julie croyait qu'un sein était la solution. « Bois un café », dit-il. « Laisse-moi te nourrir d’abord. » Le bébé toujours dans les bras, il cassa deux œufs et décroc

Va-et-vient (3/11) ou la traduction de Swings, de Lynn Steger Strong

Elle sortit de la chambre, blafarde, le visage enflé. Elle entortilla ses cheveux sur le dessus de sa tête et les attacha. Elle portait une de ses chemises, pas de pantalon, et il pensa brièvement à la dernière fois qu'il l'avait baisée, la dernière fois qu'elle l'avait laissé faire – c'était l'impression que ça donnait maintenant quand ils couchaient ensemble. Il demandait et ils faisaient tous deux semblant qu'il ne demandait pas. Il quémandait sans dire un mot. Il reste que la dernière fois, elle était venue, pour la première fois, croyait-il, depuis l'arrivée du bébé. La dernière fois, elle l'avait chevauché, le bébé enfin endormi dans la balançoire électrique près de leur lit. Ils avaient même ri, ensemble. Ses seins nus, gonflés de lait, au-dessus de lui, ils avaient regardé le bébé qui se balançait, les sons de la forêt tropicale jouant trop fort, mais ils avaient craint de les éteindre, et ils avaient ri. Le va-et-vient de la balançoire éta