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La traduction de textes littéraires, c'est comme partager son dessert préféré


Sans nécessairement avoir un coup de foudre, l’important en traduction littéraire, c'est de s’attacher à un texte, d’éprouver pour lui une affection qui soit suffisante pour que naisse en nous un besoin de le transmettre en le recréant dans sa langue. La traductrice est tel un médiateur qui, pour user d’une analogie d’inspiration aristotélicienne[1]doit saisir l'essence du texte dans sa langue originale et l'actualiser dans sa propre langue. Elle doit être en mesure de reproduire cette voix qui lui a parlé à la première lecture du texte et, par cette reproduction, espérer que résonnera chez celui ou celle qui lira sa traduction cette parenté qu'elle a elle-même ressentie dans le texte original, ce sentiment de familiarité qu'elle a décelé dans cet ailleurs.

Traduire, c'est un peu comme partager son dessert préféré. Qu'on a fait soi-même. À partir de la recette de quelqu'un d'autre.

Bon, le temps est vraisemblablement venu de passer à la portion dessert de ce blog. J'ai un potluck à préparer, moi, mine de rien. Au menu : brownies et cheesecake squares.



(Sixième et dernier extrait retravaillé de mon article publié dans la revue française Galaxies, numéro 61, Dossier spécial sur la science-fiction au Québec dirigé par Jean-Louis Trudel, septembre 2019)



[1] Il faut bien qu’elles aient servi à quelque chose, ces études en philosophie!

Commentaires

  1. Tsé, la traduction littéraire, au fond, c'est pas sorcier. Juste à suivre les instructions.

    Pour un texte (recette originale)

    Ingrédients

    1 1/4 tasse de substantifs onctueux
    1 tasse de verbes colorés
    2/3 tasse de questionnements à savoir si tu les accordes à l'imparfait, au passé simple, au plus-que-parfait ou fout' moi quoi encore
    2 gousses d'estime de soi (écrasées)
    1 c. à table de néologismes
    Crise existentielle au goût (facultatif, mais recommandé pour de meilleurs résultats)

    1. Graisser les bords d'un document Word.
    2. Dans un bol, bien mélanger les substantifs, les verbes et les questionnements. Rajouter les gousses d'estime de soi bien écrasées (et la crise existentielle, le cas échéant), remuer abondamment et laisser reposer pendant quelques jours.
    3. Enfourner chez l'éditeur pendant plusieurs mois.

    M'en donnerez des nouvelles. Bon appétit!

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  2. Hahaha! Excellente recette. J’adore! :)

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